Bertrand Pancher, président du groupe LIOT, demande « solennellement » au Président et au gouvernement de « ne pas entraver ce processus démocratique et de laisser enfin les députés voter » sur la réforme des retraites.
La lettre de Bertrand Pancher au président de la République
« Monsieur le Président de la République,
Le 16 mars dernier, le recours, par la Première ministre à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, sur la réforme des retraites a suscité une éruption de colère chez nos compatriotes.
Cette décision contrevenait aux engagements pris de procéder à un vote final sur une loi qui a vu l’accumulation de procédures d’exception. Il en résulte une réforme souffrant d’un défaut de légitimité démocratique alors qu’elle aura un impact sur des générations de Français.
Il en découle aussi une crise sociale et politique majeure. Près de 2 mois après ces événements, la défiance demeure et les tensions ne faiblissent pas, et c’est une des raisons qui a conduit à la baisse de la notation de notre pays par l’agence Fitch.
Les députés du groupe LIOT ont donc déposé une proposition de loi qui abroge l’allongement de la durée d’âge, mesure que vous jugiez vous-même « profondément injuste », il y a quelques années.
La tenue d’un scrutin des députés (sur des dispositions sur lesquelles ils n’ont au final jamais pu voter) serait un moyen d’apaiser notre pays ; et ce quel qu’en soit le résultat.
A contrario, le recours à des manœuvres dilatoires, d’obstruction, ou d’exception alimenterait le feu de la colère et aggraverait la crise démocratique. Aussi, nous vous demandons solennellement – à vous et au gouvernement – de ne pas entraver ce processus démocratique et de laisser enfin les députés voter.
Soucieux de renouer le dialogue social notre proposition de loi prévoit également la tenue d’une grande Conférence sociale avec les partenaires sociaux.
Nous l’avons dit à plusieurs reprises, a configuration politique issue des élections présidentielle et législatives de 2022, impose une nouvelle méthode de gouvernement associant mieux les oppositions. Malgré les engagements, cette nouvelle méthode ne se concrétise pas dans la conduite des réformes. Or les députés du groupe que je préside n’aspirent qu’à être utiles.
Notre pays a pourtant un ardent besoin de ces réformes : pour répondre à l’urgence de rénover notre démocratie, la dégradation du pouvoir d’achat, à la crise de l’hôpital et des services publics ; pour agir concrètement pour l’environnement face au dérèglement climatique ; pour lutter contre déficits publics, pour une nouvelle cohésion des territoires de l’hexagone et des outre-mer ; pour la refonte de nos institutions et un nouvel acte de décentralisation…
Avec notre proposition de loi, nous vous proposons une nouvelle voie de sortie de la situation de blocage dans lequel se trouve notre pays. Plus d’un an a passé depuis votre réélection à la présidence de la République, et rien ne serait pire que la catalepsie.
En vous remerciant de la bonne prise en compte de notre démarche, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération. »
L’article dédié dans l’Opinion
« Rien ne serait pire que la catalepsie » : La lettre ouverte de Bertrand Pancher, président du groupe LIOT, à Emmanuel Macron.
